CP ROGLIAN Jean-Claude-page-002.jpg

EXTRAIT:

''Elle hésite ! Elle tourne autour de la pyramide de boîtes comme tourne une abeille autour de la fleur avant de s’engouffrer dans les pétales. Mais elle, elle tarde à s’engouffrer dans les lots, hésite à prendre un carton. Elle n’ose pas ! Les pèse-personnes sont là, amoncelés, attrayants par leur prix. Juillet c’est le mois des soldes, le mois des affaires. Elle va manquer celle-là ! Lorsque... — Tu as vu chéri, la promotion est intéressante, et c’est un produit de marque. Le couple prend une boîte et s’éloigne. Allons ! décide-toi aussi, se dit-elle, tu ne vas pas rester plantée là. Tu la veux ? Prends-la et sors de ce magasin où tu étouffes, s’ordonne-t-elle. Tout en jetant des regards obliques autour d’elle, elle plonge subrepticement la main dans la pyramide, en retire un carton et s’évapore vers les caisses. La caissière lui sourit ! — Ils sont super ces pèse-personnes. Laura ne bronche pas. Elle fait mine de fouiller dans son porte-monnaie comme pour trouver l’appoint, somme qu’elle avait déjà préparée dans sa main droite. — En plus, ce sont des balances digitales et elles indiquent jusqu’à 200 kilos ! continue la caissière promenant ses yeux entre sa cliente et la boîte qu’elle tourne dans tous les sens pour y lire toutes les fonctionnalités. Laura est secouée de honte, ses joues se colorent. Elle regarde derrière elle. Ouf ! Il n’y a personne. J’ai bien fait de venir dès l’ouverture ce matin, se félicite-t-elle. La meute de clients est encore clairsemée. Elle se dépêche de payer sans regarder la caissière qui, d’un sourire en coin, lui souhaite une bonne journée. Elle jette le paquet sur le siège arrière de sa vieille Twingo et démarre en trombe vers son domicile. Elle est soulagée. On ne pourra plus la harceler de plaisanteries désagréables.

Merci Carole et LES MILLE ET UNE PAGES LM

Le commentaire de Carole :

Comment vivre dans une société où la perfection est le but de la majorité des gens. Notre premier jugement sur une personne est trop souvent sur son apparence et dans ce roman, l’auteur a bien su nous décrire à la perfection comment les gens différents vivent le rejet. Nous allons suivre Laura qui a un surplus de poids, elle est comptable et a comme loisir la peinture. Jeune, jolie et gentille personne ne la voit comme ça, mais tout le monde la voit obèse et s’éloigne d’elle comme si elle était contagieuse. Les paroles blessantes, les regards méprisant qui laissent sous-entendre « elle devrait maigrir », chacun d’entre nous a entendu des mots qui blessent en parlant des personnes trop bien enrobées. Laura va vivre avec ce malaise, car elle fait partie de ceux qui ont un surplus de poids et qui adore manger. L’auteur décrit bien tout ce que doit traverser une personne obèse pour se faire respecter. Ça devient un cercle vicieux dans lequel ces gens veulent s’en sortir, mais le désespoir est plus grand.

http://lesmilleetunlivreslm.over-blog.com/2019/12/la-grosse-dondon-jean-claude-roglian-editions-sydney-laurent-par-carole-emery.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Merci à Lauryssa pour ce retour de chronique où elle a très bien défini le sujet :

''https://leslecturesdelauryssa.blogspot.com/2020/01/la-grosse-dondon-de-jean-claude-roglian.html?fbclid=IwAR30dyn9jjBg2EHpTBuPj3Ird5vScTstLiXxTB_EpxYSLvyA0EbNdl2Rn54

CP ROGLIAN Jean-Claude-page-001.2020.jpg

20190809_193145 (2).jpg

Avis de la chroniqueuse http://www.lavisqteam.fr/?p=47352 :

La grosse dondon, comme tous les romans dits « feel good », redonne espoir en l’humanité, apaise les lecteurs et envoie de belles ondes positives. Bien que le point de départ ne soit pas foncièrement original (une fille en surpoids qui devient une femme splendide), le roman constitue en d’agréables moments, épris de bons sentiments, de justice et de vérité, qui résonnent en chacun de nous. Qui n’a jamais été malmené par ses camarades de classes, sa famille ou ses soi-disant amis ? Qui ne s’est jamais senti parfois rejeté, incompris ou seul ? La grosse dondon apporte quelques pistes de réponses à ceux qui souhaiteraient avancer, ceux qui aimeraient voir leur vie se transformer du tout au tout, et dépeint une réalité que l’on connaît bien, même si elle perturbe. La cruauté des enfants, les complexes physiques, la définition du beau, les stéréotypes, l’attrait de l’argent, la cupidité, le regard des autres, la jalousie… nombre de sentiments ou de principes plus ou moins complexes se voient mettre en scène pour nous permettre de mieux comprendre, de réaliser, de s’imaginer à la place de l’héroïne même si nous n’avons jamais vécu ce qu’elle doit affronter au quotidien, et cela fonctionne très bien. La lecture se veut fluide et enthousiaste ; l’auteur utilise des points d’exclamation de manière régulière quand la narratrice formule sa joie, sa frustration, son étonnement ou sa déprime. Grâce à l’expression précise de ces sentiments, le lecteur s’attache à Laura, une jeune fille dont l’enfance et l’adolescence n’ont pas été faciles, et qui a plutôt tendance à se laisser marcher sur les pieds. Timide, réservée, elle a du mal à montrer aux autres qui elle est, mais nous l’explique à nous, ses lecteurs. Une relation intime se crée au fur et à mesure que les pages se tournent. Même si par moment on voudrait qu’elle réagisse, qu’elle arrête ses bêtises, qu’elle réfléchisse davantage, qu’elle s’exprime ou qu’elle se batte, on soutient Laura et on espère que sa situation évoluera vite. Sa fraîcheur dans ses mots, son bon caractère avec les autres, sa gentillesse et sa générosité en font une personne charmante et profondément attachante. Le postulat de départ concernant la famille de Laura apparaît, de prime abord, un peu exagéré, comme si l’auteur avait voulu que Laura soit la plus misérable des jeunes filles n’ayant jamais existé. On se rend pourtant compte, en poursuivant l’histoire, que sa situation pourrait finalement s’avéré cohérente et réaliste. Sans parent, sans véritable famille, sans soutien, et sans un travail qui lui permette de vivre… en plus d’un physique disgracieux, la jeune héroïne doit supporter nombre d’autres soucis.